Voici un guide pratique destiné aux débutants avec les définitions et les coutumes que l’on apprend lorsqu’on commence le karaté.
Vous trouverez également des conseils ainsi qu’un lexique de base sur les mots à connaitre en français et en japonais.
C’est le lieu (jo) où l’on étudie la voie (do). C'est un lieu de travail et d'échanges. On le respecte, on n’y court pas, on y parle le moins possible. Au dojo, la préparation au salut, les démonstrations du professeur et les exercices doivent se faire en silence, avec attention et concentration.
Kamiza : c’est le mur d’honneur, où se trouve la photo du fondateur
Shimoza : c’est le mur qui fait face au Kamiza, où se placent les élèves
Joseki : c’est le mur situé à droite du Kamiza ou “côté supérieur”
Shimoseki : c’est le mur situé à gauche du Kamiza ou “côté inférieur”
Au Japon, le salut est une attitude empreinte de respect envers autrui.
Les samouraïs se saluaient en baissant la tête. S’il y avait méfiance, ils baissaient la tête mais le regard restait posé sur le corps. Au contraire, s’il y avait respect ou amitié, ils inclinaient davantage la tête et le regard se plantait vers le sol en signe d’humilité.
Au dojo, le salut signifie avoir de bonnes manières.
Chaque cours de karaté débute et finit par le salut. Ce rituel signifie le respect des règles du dojo, le respect mutuel et des professeurs.
Il existe deux formes de saluts dans le dojo.
Le premier, Ritsu-Rei (ci-contre), s’effectue debout.
Ce salut est effectué à l’entrée et à la sortie du tatami, lors d’un travail avec partenaire, ou encore au début et à la fin d’un kata. Pour saluer, on prend la position musubi dachi (debout, talons joints, orteils pointés à 45°), les mains reposant sur les cuisses. On incline le buste lentement vers l’avant puis on se redresse. Ainsi, on exprime par ce salut son respect pour le lieu, pour le partenaire. Face à un partenaire, il faut veiller à maintenir le regard devant soi.
Le second, Za-Rei (ci-dessous), se fait assis, exprimant la gratitude et le respect du pratiquant à l’égard du professeur, et du fondateur du karaté.
Ce salut s’effectue au début et à la fin du cours, les élèves étant alignés, et le professeur en face d’eux. A partir de la position musubi dachi, au signal, on prend la position “seiza” : on pose le genou gauche au sol, puis le droit, et l’on s’assoie sur les talons, orteils croisés. Les mains sont sur les cuisses, les doigts vers l’intérieur.
Au signal “mokuso”, on ferme les yeux (méditation), on cherche à se concentrer sur soi par une respiration lente et profonde. Le signal d’arrêt est “mokuso yame”, on ouvre les yeux.
Pour saluer en position seiza, on pose la main gauche au sol, puis la droite, les deux mains se rejoignant en triangle, doigts vers l’intérieur. On incline alors lentement le buste, le front s’approchant du sol, puis on se redresse, les mains revenant sur les cuisses (la droite puis la gauche).
Au signal “shomen-ni-rei”, salut en direction du mur d’honneur. Au signal “sensei-ni-rei”, salut entre les élèves et le professeur. Au signal “kiritsu”, on se relève en musubi dachi (jambe droite puis gauche), et on salue à nouveau. Dans certains dojos, on salue parfois les anciens (“sempai-ni-rei”) ou encore, les élèves se saluent entre eux (“otagai-ni-rei”).
Pourquoi respecter cet ordre très précis ? Comme pour l’ordre des genoux, l’ordre des mains correspond à la possibilité de dégainer un sabre. A l’origine, les samouraïs portaient toujours leur katana (sabre japonais) à la hanche gauche (qu’ils soient droitiers ou gauchers). Cette technique de salut leur permettait de se positionner pour saluer sans se mettre en danger, en étant toujours prêt à dégainer le sabre (main droite toujours disponible, et ordre des genoux pour ne pas risquer de se couper en dégainant ou de perdre l’équilibre).
La progression du pratiquant de karaté se fait via l’aide du professeur, mais aussi de vos partenaires. Leur aide vous sera essentielle, c’est pourquoi il convient de veiller à porter à leur égard le maximum de respect.
Le sensei
Le professeur (“sensei” en japonais) est celui qui, par son expérience et sa volonté pédagogique, amène l’élève à progresser à travers son enseignement.
En japonais, sensei désigne « celui qui était là avant moi, qui est garant du savoir et de l'expérience d'une technique ou d'un savoir-faire », ou de manière plus condensée un maître qui donne son enseignement à un élève.
Dans les arts martiaux japonais, le terme « sensei » s'utilise à propos d'une personne qui a obtenu un titre d'enseignant.
Regardez et écoutez attentivement les consignes de votre sensei, puis pratiquez les techniques.
Le sempai et le kohai
Le sempai (aussi écrit "senpai") est le plus ancien élève du professeur, ayant le plus d'ancienneté ou d'expérience. Sempai signifie "celui qui a commencé avant vous". Il se doit, pendant le cours et les saluts, de veiller à ce que les élèves respectent bien toutes les règles du dojo.
Le kohai est l'inverse du sempai : c'est quiconque avec moins d'expérience que vous. Littéralement, kohai signifie "junior". La notion de sempai et de kohai dépend exclusivement de l’ancienneté de l’élève, indépendamment de l’âge ou du grade.
En karaté, le sempai a un rôle de tuteur auprès du kohai et de relais de l'enseignement du sensei, en aidant le kohai à suivre les règles du dojo, à comprendre l’enseignement et à progresser. En retour, le kohai doit le respect au sempai.
Au Japon, on retrouve ce concept dans toutes les strates de la société : dans les établissements scolaires, dans les clubs, dans le monde du travail. Seule la cérémonie du thé déroge à cette hiérarchie.
Le partenaire
Chaque exercice avec partenaire commence et se termine par un salut, témoignant notre engagement à travailler honnêtement, avec sincérité, et en faisant attention de ne pas blesser l’autre. C’est un échange où il est nécessaire de rester concentré, même si c’est le partenaire qui fait l’exercice. On appelle “Tori” celui qui réalise l’attaque, et “Uke” celui qui défend (reçoit la technique).
Comme pratiquement dans tous les arts martiaux en Occident, les karatékas portent des ceintures de couleur (obi en japonais).
Selon le niveau et l’expérience dans la discipline, la couleur varie selon un niveau qui va crescendo : blanche, jaune, orange, verte, bleue, marron, et noire.
Pour les enfants, les ceintures intermédiaires bicolores sont utilisées pour évaluer leur progression qui est plus lente que celle des adultes.
Les ceintures de karaté ont un liseré rouge tout le long de la ceinture centré sur la largeur, ce qui les différencie des ceintures de judo qui n’ont pas de liseré.
Il y a 6 niveaux d’attribution des ceintures qui sont appelés "Kyu" jusqu'à la ceinture marron ; le 6ème Kyu étant représenté par la ceinture blanche et le 1er Kyu étant représenté par la ceinture marron.
Au-delà de la ceinture marron 1er Kyu, les niveaux sont appelés "dan", et l’attribution du 1er Kyu permet de se présenter au passage de grade du 1er niveau de la ceinture noire 1er dan.
On compte 10 niveaux, du 1er dan au 10ème dan. Le temps de pratique entre 2 dan est proportionnel au niveau, c'est-à-dire qu’il faut au moins 2 ans de pratique dans le niveau 1er dan pour passer 2ème dan, 3 ans pour passer du 2ème dan au 3ème dan, etc.
La ceinture noire est attribuée du 1er dan jusqu’au 5ème dan. A partir du 6ème dan, la ceinture devient blanche et rouge, puis rouge à partir du 9ème dan.
Il est très important de savoir attacher sa ceinture (obi en japonais).
Une ceinture mal nouée fait douter du niveau du karatéka, quelle que soit sa couleur de ceinture. Il faut donc y veiller et bien serrer le nœud pour qu’il ne s’ouvre pas au cours de l’entraînement.
Pendant un cours de karaté, vous entendrez souvent votre professeur utiliser des mots en japonais. Voici quelques termes que vous entendrez durant les entraînements.
Budo : Arts martiaux (bu = guerre, do = voie)
Kime : Concentration des énergies mentales et physiques
Hajime : Commencez !
Hikite : Tirer le poing en arrière (action de ré-armer)
Kiai : Cri exprimant l’union des énergies
Mawate : Tournez ! (on effectue un demi-tour)
Yame : Arrêtez !
Yassme : Repos ! (détente, décontraction)
Yoi : Soyez prêt ! (position hachiji dachi, poings serrés)
Tori : Attaquant en travail séquentiel (ex : ippon kumite)
Uke : Défenseur en travail séquentiel, pare les techniques de tori
Jodan : Niveau haut/visage
Shudan : Niveau moyen/abdomen-plexus
Gedan : Niveau bas, sous la ceinture
Moto dashi : Position fondamentale, fente avant légèrement raccourcie. Les pieds sont parallèles, écartés d'une largeur de hanche, les jambes sont pratiquement droites, la jambe avant légèrement fléchie. On l'appelle souvent "petit Zenkutsu dashi".
Zenkutsu dashi : Position en fente avant, majorité du poids sur la jambe avant fortement fléchie, la jambe arrière est tendue. L'écartement latéral des pieds est l'équivalent d'une largeur du bassin.
Shiko dashi : Position du cavalier, jambes écartées (comme sur une selle), poids également réparti sur les deux jambes fléchies avec les pieds à 45° vers l’extérieur.
Neko dashi : Position du chat. Quasi totalité du poids sur la jambe arrière, pied avant très légèrement avancé et en appuis sur la pointe.
Kokutsu dashi : 70 % du poids du corps se trouve sur la jambe arrière, fortement fléchie. Le centre de gravité est donc décalé sur l'arrière. Le pied avant est sur la même ligne que le talon arrière. La jambe avant est légèrement fléchie, genou vers l'extérieur.
Musubi dashi : Position débout (ou jambes très légèrement fléchies), talons joints et pieds à 45° vers l’extérieur. Position utilisée lors du salut.
Kihon
Au karaté, les kihon sont des techniques de base de défense, d’attaque, d'esquive, de blocages et de déplacements que l’on répète seul, dans le vide. Le sensei montre un mouvement précis et le fait répéter d'un bout à l'autre du tatami. Ils sont composés d’une seule technique ou d’un enchaînement, exécuté sur place ou en ligne (en avançant ou en reculant).
Les techniques sont d'abord simples et isolées et deviennent ensuite des enchaînements complexes associés à des déplacements variés. Le kihon débute souvent lentement avec une décomposition des mouvements. Il devient ensuite fluide et rapide pour enfin se transformer en automatismes réalisés à pleine puissance. Le travail de kihon amène à rectifier sa posture, son équilibre, son énergie ("kime") et sa respiration (grâce au "kiaï").
C'est l'occasion pour les débutants d'apprendre les techniques de base, et pour les initiés d'améliorer leur aptitude à exécuter correctement et avec force la technique, et de maîtriser les mouvements et les sensations.
La pratique sans relâche des mouvements de base est fondamentale car elle assure l'acquisition d'une bonne technique et d'automatismes.
Cette étape de l'entraînement prépare au kumite et aux katas.
La karatéka Rika Usami exécutant un kata lors d’une compétition.
Kata
Un kata est un combat imaginaire contre plusieurs adversaires. C'est un enchaînement codifié et structuré de techniques ayant pour but la formation du corps, l'acquisition d'automatismes ainsi que la transmission de techniques secrètes. C’est une discipline à la fois artistique et martiale, où l'on recherche l’esthétisme et la perfection dans la technique. Cela rend la pratique des katas très exigeante.
Le kihon puis la pratique des katas permet de trouver son centre ("hara") et sa concentration ("zanshin"), elle développe la confiance en soi, la maîtrise du geste et de sa respiration, et de son vocabulaire technique à appliquer ensuite en bunkai et en kumite.
Le kata dépasse l'aspect purement technique en permettant au pratiquant, après de nombreuses répétitions, de tendre vers la perfection des mouvements.
Le kata est également une épreuve sportive, pratiquée en individuel ou par équipe lors de compétitions d'envergure nationale ou internationale.
Bunkai
Le mot bunkai est un terme japonais signifiant "analyser, décomposer". Au karaté, il se réfère à l'interprétation d'un kata.
A la frontière entre le kata et le combat, le bunkai (ou "application") est la mise en pratique des techniques du kata. Il consiste à extraire les techniques d’un kata, pour les confronter face à un partenaire aux notions de distance, de temporalité et d’efficacité du combat. De certains mouvements du kata, on peut déduire ou suggérer des enchaînements qui peuvent être appliqués dans des situations concrètes.
Grâce au bunkai, on découvre toute la richesse des katas et leurs différentes interprétations possibles. Les bunkai permettent au pratiquant d'apprendre à ajuster sa distance, son rythme ou encore à s'habituer à combattre des personnes de taille différente.
L’étude du bunkai est essentielle pour étudier en profondeur et assimiler toutes les difficultés et nouveautés techniques d’un kata avant de passer à l'apprentissage du suivant.
Kumite
Le kumite est le combat conventionnel du karaté. Kumi signifie « groupe » et te désigne la main, ce qui implique le fait de s’entraîner à deux et non pas de manière isolée.
Le kumite ou combat est la mise en application avec partenaire des techniques étudiées seul à travers le kihon ou le kata. C'est l'ultime phase de l'apprentissage du karaté : il s'agit d'adapter les techniques apprises aux contraintes du réel.
Le karaté devient alors une discipline “inexacte” contrairement à la recherche de la perfection habituelle des katas. Les techniques servent alors de simples outils, et les notions de distances et de temps prennent tout leur sens.
Le kumite pratiqué en compétition est un combat, arbitré, entre deux pratiquants. Ce combat est soumis à des règles strictes, destinées à protéger les deux adversaires, y compris contre eux-mêmes. De plus, les règles sont adaptées au niveau des compétiteurs, notamment pour les plus jeunes.
Variantes (exercices pratiqués notamment pour les passages des grades de ceinture noire) :
Kihon Ippon Kumite : Assaut fondamental basé sur une attaque contrée par une seule défense et/ou contre attaque. L’attaquant Tori annonce son attaque en position Zenkutsu Dachi (fente avant). Tori attaque sur un pas. Uke est en position Hachi ji Dachi – Yoi et se prépare à défendre (Go no sen : absorption puis contre-attaque). Cinq attaques sont réalisées : Oï Zuki Jodan, Oï Zuki Chudan, Mae Geri Chudan, Mawashi Geri Jodan ou Chudan, Yoko Geri Chudan. Chacune de ces attaques est exécutée une fois à droite et une fois à gauche. Les candidats inversent les rôles lorsque Tori a réalisé toutes ses attaques.
Jiyu Ippon Kumite : Attaque libre à droite ou à gauche, à 3 mètres de distance. Trois attaques, choisies par le jury parmi une liste, sont réalisées. Les attaques et le niveau (hauteur) sont annoncés. Uke peut réagir comme il l’entend pour sa défense. Après chaque attaque les candidats reprennent la position Hachi ji Dachi. Pour le 2ème dan, Tori annonce uniquement le niveau de l’attaque. Au-delà du 2ème dan, Tori ne fait aucune annonce. Après chaque attaque les candidats reprennent la position Hachi ji Dachi.
Ippon Kumite (à partir de la ceinture noire 2ème dan) : Les deux candidats sont en garde. Les attaques ainsi que le niveau sont annoncés. A chaque fois, les attaques et les contre-attaques devront être différentes. Le test sera composé de 6 attaques, exécutées d’abord à droite puis à gauche. La perception de l'attaque devra être supérieure à celle exigée pour un prétendant au 1er dan, ce qui conduira à une meilleure opportunité dans la contre attaque (Go no sen : absorption puis contre-attaque ; Sen no sen : l'attaque de l'adversaire doit être anticipée pour que la contre-attaque se fasse en même temps).
Ju Kumite : Combat libre conventionnel selon les règles du karaté. Assaut souple sans appuyer les frappes, pas de coup sous la ceinture.